Des congés de maternité pour éléphantes laotiennes

Et si on instaurait des congés de maternité pour les éléphantes laotiennes ? Présentée sous cette forme par la plupart des médias, l’affaire peut prêter à sourire. La formulation a au moins le mérite d’attirer l’attention car il en va en réalité de la sauvegarde d’une espèce emblématique du Laos : l’éléphant d’Asie.

Une proposition pas si incongrue que cela

Offrir des congés de maternité à des éléphantes… Qu’est-ce qui a bien pu pousser deux chercheurs français à proposer cette mesure a priori incongrue ? Un constat accablant, celui de la baisse drastique de la population d’éléphants d’Asie. Ils étaient 40 000 il y a de cela un siècle, ils ne seraient plus qu’un millier à peine à l’heure actuelle. Parmi les causes de cette spectaculaire régression, l’exploitation au Laos de ce superbe animal à des fins commerciales.

Une éléphante utilisée à des fins commerciales et touristiques

Au Laos, l’éléphant d’Asie est en effet utilisé à la fois pour le débardage de troncs et le transport de touristes. Et cette utilisation est telle qu’elle s’exerce aux dépens de la procréation du noble animal. Autrement dit, le propriétaire de l’éléphant, le cornac, ne lui laisse plus le temps de se reproduire, estimant que son activité péricliterait. Le rendement avant tout. D’autant qu’une mère éléphante est par nature très attentive à l’éducation de son rejeton et qu’elle sera moins disposée à travailler avec un éléphanteau entre les pattes. Le problème, c’est que si on ne laisse plus à l’éléphant le loisir de se reproduire, c’est toute l’espèce qui est menacée.
ABC Radio Australia "elephants laos"
Source : ABC Radio Australia

Une indemnité pour compenser le manque à gagner

Il faut dire qu’entre le temps de gestation et celui de la lactation, l’éléphante a besoin de trois ans de pause environ avant de pouvoir reprendre une activité normale. Trois ans de congé de maternité… le cornac dans sa vision à court terme n’a pas les moyens de l’accorder à l’éléphante. On comprend mieux l’intérêt de la proposition de nos deux chercheurs : on accorde une subvention au propriétaire de l’éléphant, histoire de compenser le manque à gagner et en échange, l’éléphante peut se consacrer pleinement à sa vie familiale pendant un laps de temps conséquent.
L’éléphante a besoin de 3 ans de pause avant de pouvoir reprendre une activité normale !

La survie de l’éléphant d’Asie est en jeu

La proposition ne manque à l’évidence pas de panache. Elle permettrait peut-être d’inverser une dynamique inquiétante et de sauver une espèce en voie d’extinction. Pour convaincre les cornacs laotiens – qu’on aurait tort de juger trop hâtivement – il faudra sans doute les persuader qu’à long terme c’est leur activité qui est menacée s’ils ne jouent pas le jeu. Il faudra aussi les rémunérer à la hauteur de la perte subie. L’enjeu en vaut vraiment la peine, ne croyez-vous pas ?

Sources : Article paru dans La Croix et reportage sur France Info.

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